Maintenant que nous avons un petit peu chamboulé nos idées reçues dans ce premier article et que nous avons compris que la permaculture n’est pas une technique de jardinage, mais une approche holistique… eh bien on est (peut-être) un peu déroutéE et on se demande par où commencer! Bonne nouvelle, la permaculture propose une méthodologie! J’ai nommé « B.O.L.R.A.D.I.M.E. » pour les intimes.
Dans cet article (et le prochain) vous trouverez les points clefs de cette méthode appliquée à la création d’un jardin pédagogique. Il s’agit là d’une sorte de colonne vertébrale à l’élaboration de votre projet. Comme d’habitude c’est une proposition, pas une obligation. A vous d’être créatifVEs et d’adapter cette approche à la vôtre.
Bien sûr les réponses ne seront pas les mêmes si vous mettez un place un potager pédagogique dans une école, si vous jardinez avec les enfants à la maison ou si vous projetez la création d’un lieu entièrement dédié à ce sujet.
Mais au fait ça veut dire quoi cet acronyme, B.O.L.R.A.D.I.M.E?
B comme Buts:
Pour commencer, prenez le temps de vous poser la question des finalités de votre projet de jardin.
Quel message voulez-vous faire passer? Quelles compétences souhaitez-vous proposer de transmettre? Quels questionnements aimeriez-vous susciter? Quelles valeurs sont au fondement du projet?
Ce jardin est-il là pour servir de support de découvertes? Pour produire de la nourriture? Pour embellir le lieu? Doit-il durer une saison ou plusieurs années?
Fait-il le lien avec un autre projet (projet « pédagogique », activité agricole, aménagement d’un lieu collectif? etc. etc.)
O comme Observation:
C’est maintenant le moment de vous rendre sur les lieux. En permaculture on dit qu’il faut observer un terrain pendant une année complète (4 saisons) avant de commencer.
Si vous pouvez vous offrir cette chance, profitez-en! Et dites-vous que le versant pédagogique commence ici. Prendre le temps d’observer un bout de terrain, son ensoleillement, son climat, la qualité de son sol, la vie qui y grouille naturellement… cela peut être une source de grandes joies, d’explorations passionnantes et de précieux moments partagés. Et surtout, c’est une merveilleuse occasion d’apprendre ensemble, en même temps, sans pré-supposé d’âge et sans transmission verticale… et ça, ça fait vraiment grandir tout le monde!
Si, pour des raisons qui vous sont propres, vous devez attaquer là-tout-de-suite-maintenant, ne zappez pas complètement l’étape observation pour autant! Vous pouvez associer les jeunes que vous accompagnez( qui vous accompagnent) à cette démarche de découverte sensorielle du lieu de votre futur jardin. Qu’est-ce que je vois/sens/entends/touche? L’ombre et la lumière, le vent, les plantes, les animaux ou leurs traces éventuelles, la terre (ou son absence, par exemple si vous jardinez dans une cour goudronnée!!). Tout ça vous permettra non seulement de choisir l’emplacement optimum pour votre réalisation, mais surtout de partager avec les jeunes une des premières clefs de la démarche permacole: ne pas se positionner en Humain-tout-puissant, mais, dès le départ, être dans une co-création avec l’environnement du projet.
L comme Limites:
Et oui tout n’est pas simple, on a toujours des contraintes, des limites et ça peut parfois être (paraître?) frustrant, voir bloquant! Mais réjouissez-vous, en permaculture les problèmes sont… des solutions!
Commencez par faire l’inventaire des limites qui s’imposent à votre jardin. Qu’est-ce qui vous manque? Qu’est-ce qui vous pose question?
Peut-être le temps et l’argent disponibles, les limites physiques du lieu (ah vous voyez je vous avais bien dit que l’observation était un préalable important!), les limites des participants, mais aussi vos propres limites physiques et de connaissances/compétences?
Maintenant respirez un grand coup et assurez-vous que vous êtes toujours rempliE de bienveillance envers tous les éléments de ce projet (y compris vous-même). C’est bon? Parfait alors vous pouvez passer à l’étape suivante.
R comme Ressources:
Après avoir dressé la liste des limites, faites le deuxième pas vers la transformation des problèmes en solutions: inventoriez les ressources. Vous pouvez écrire les deux listes en vis à vis, chacune dans une colonne, pour voir d’un seul coup d’œil quels problèmes se résolvent d’eux-même à ce stade.
- Quelles ressources sur le lieu? Matériel et matériaux disponibles sur place, avantages du terrain,etc. Chouette, la bambouseraie des voisins déborde sur le terrain!
- Les ressources à proximité du lieu: un petit tour d’horizon des environs peut s’avérer utile. C’est aussi le moment de penser à vos éventuels fournisseurs (graines, plants, etc.) si besoin.
- Les ressources en énergie: eau disponible pour arrosage, stockage, etc.
- Les ressources au niveau humain: compétence de l’équipe, du groupe, personnes et lieux ressources accessibles pour compléter vos connaissances, mais aussi envies et motivations des jeunes. Pensez aussi aux jardiniers voisins: ils connaissent le terrain, les variétés adaptées, on peut parfois envisager des échanges, de riches temps de rencontre… même si nous n’avons pas toujours les mêmes techniques!
Regardez bien, il y a souvent des ressources invisibles au premier abord.
Et ce qui semble vous encombrer peut parfois devenir une matière première. Il suffit de regarder les problèmes comme des solutions potentielles et de laisser voguer votre créativité.
A comme Analyse:
C’est maintenant le moment d’associer tous les éléments que vous avez recueillis au cours des 4 étapes précédentes pour décider comment vous allez mettre en place votre jardin. Quelle forme concrète il prendra, quelles techniques vous allez utiliser etc.
Je vous laisse là pour aujourd’hui. Vous avez déjà fait une belle part du boulot! La suite très bientôt dans le prochain article. Il nous reste D.I.M. et E. …Des idées?
Super, du bon boulot, j’ai hâte de m’y mettre! merci!!!!
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