Permaculture au jardin avec les enfants #3 Méthodologie (suite)

Suite et fin de notre approche méthodologique pour créer un jardin pédagogique inspiré de la permaculture. Si vous n’avez pas lu les 2 premiers articles vous les trouverez en cliquant ici et .

Je reprends donc l’égrainage point par point de la méthodologie « O.B.R.E.D.I.M.E. » là où nous l’avions laissée.

D comme Design:

Le design est ce qui caractérise la permaculture. Pour simplifier, disons qu’il s’agit de penser et dessiner votre projet à l’avance. Le but du jeu: concevoir et positionner les différents éléments de votre « système » afin de favoriser un maximum d’interactions positives entre tous les éléments.

C’est une étape privilégiée à partager avec les jeunes qui vous accompagnent. Là encore, soyez créatifs. Vous pouvez par exemple fabriquer une maquette ensemble, ou dessiner les différents éléments du jardin et les découper pour créer un tableau modulable avant de choisir ensemble.

Personnellement, j’aime beaucoup commencer par un temps laissant complètement libre cours aux imaginations. Par exemple, avec un groupe d’enfants, je mets à disposition une boule d’argile par personne et plein d’éléments de la nature (graines, feuilles, fleurs, cailloux, plumes, noisettes, etc.) et je leur propose de faire la maquette du jardin de leur rêve.

 

Au fur et à mesure de la mise en forme, je suscite la discussion, j’écoute leurs descriptions, leurs idées et leurs envies… Et je savoure ce moment magique au cours duquel se révèle toute leur poésie et, souvent aussi, toute l’ampleur de leur conscience écologique. Je suis souvent surprise et émue de leur soucis spontané des petites bêtes, des oiseaux et de l’esthétique du jardin.

Je me base toujours sur leurs avis/envies personnels pour accompagner ensuite le groupe vers ses choix collectifs de mise en forme du jardin. C’est leur jardin, notre design, jamais « mon » projet.

 

I comme Implémentation:

Ça y est (enfin), voici le moment tant attendu: la mise en œuvre concrète du jardin. Et oui, en permaculture les projet sont au rythme de la nature: ils prennent leur temps pour pousser… parce que c’est le meilleur moyen d’obtenir une floraison des plus épanouies!

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Implémenter, en permaculture, c’est organiser dans le temps les tâches à accomplir et les réaliser. Mais c’est aussi rester attentif à toujours demeurer dans une démarche de coopération, de co-création.

Co-créer avec l’environnement:

En s’adaptant à la météo mais aussi aux surprises de l’expérimentation… « Mince le truc qu’on a planté la semaine dernière a été mangé par les chenilles… et si on mettait en place un abreuvoir à oiseaux? ». Nous allons sûrement faire plein d’erreurs, de tâtonnements et c’est tant mieux, parce que c’est comme cela qu’on apprend le mieux!

-Co-créer avec les jeunes:

« Oh regarde y a une bête là! » = une heure passionnante d’observation des insectes alors qu’on avait prévu de repiquer les fraisiers.

« J’en peux plus j’s’uis crevéE » = une génialissime séance de relaxation au jardin alors que nous, en bon adulte « qui gère », on avait planifié le semis des carottes.

Un conflit éclate = médiation en communication non-violente entre deux plants de haricots.

Bref, ne jamais perdre de vue l’éthique, les valeurs. Faire « avec » et non pas « contre ». Faire ensemble. Être l’accompagnateur(trice) d’un jardin (pédagogique ou pas) c’est cultiver l’art subtil de l’improvisation joyeuse, de l’écoute et de l’observation empathique, de l’adaptation heureuse, de la confiance. Et à ce jeu là, le jardin intérieur grandit lui aussi…

 

M comme Maintenance:

Votre jardin est magnifique, il porte ses fruits, l’ hôtel à insecte, les nichoirs et le compost sont en place, le point d’eau a même attiré un crapaud, vous avez créé votre petit système (Bravo!)… mais au fait, qui va s’occuper de tout ça pendant les vacances? Et cet automne? Et l’année prochaine?

Là encore, pas de recette toute faite, comme toujours en permaculture! Tout dépend du lieu, des protagonistes et du contexte. Il y a l’aspect matériel (arrosage, paillage, désherbage, taille etc.) et l’aspect plus humain (qui? comment? à quelle fréquence? sur quelle durée?). Si vous avez suivi toutes les étapes précédentes, vous avez sûrement déjà pensé cette question en amont et même mis des moyens en place pour répondre à ces questions sans trop vous compliquer la vie.

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Tout est envisageable, c’est en fonction du projet. Il n’y a pas de mauvaise solution. Je connais une maîtresse Freinet qui laisse le jardin accessible et encourage ses élèves à prendre soin de leur jardin et à le faire vivre en dehors des temps scolaires (« C’est votre jardin, vous êtes ici chez vous »). Je connais des animateurs nature qui font des jardins « éphémères » parce que la structure qui les emploie n’a pas les moyens de les faire revenir. Je connais des parents qui jardinent le même terrain depuis des années avec leurs marmots. Les uns pourraient être les autres. a vous d’inventer vos propres solutions.

 

E comme Evaluation:

J’ai du mal avec ce terme ci parce qu’en Français il signifie trop souvent « test », « examen », « jugement ».

Dans le contexte qui est le notre, l’idée serait plutôt de faire un retour bienveillant, lucide et constructif sur l’expérience vécue. Qu’est ce qui a été bénéfique pour nous, pour le groupe, pour la terre? Qu’est-ce qui pourrait être amélioré? Comment? Qu’est-ce que j’ai adoré et que je souhaite utiliser à nouveau? Qu’est-ce que je ne veux surtout pas refaire? Quelles sont les leçons que je tire de cette aventure? Quelles graines ont germées en moi? Quels fruits ont mûri? Quelles feuilles sont tombées? Et en quel terreau fertile ai-je envie de les transformer?

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Nous voici arrivéEs au bout de notre tentative d’exploration méthodologique. Je vous souhaite beaucoup de plaisir au jardin avec les participants à vos projets, quels que soit leur âge. Si vous souhaitez témoigner de votre vécu dans les commentaires ci-dessous ou carrément m’envoyer vos photos de jardins en passant par la rubrique contact, vous m’en verrez ravie. Je crois sincèrement à la construction collective du savoir, au partage mutuel des connaissances… C’est cela aussi, la permaculture.

 

 

 

 

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